Lettre politique du 2ème Séminaire des victimes des catastrophes socio-environnementales dans la région Serrana

Lettre politique du 2ème Séminaire des victimes

des catastrophes socio-environnementales dans la région Serrana

Teresópolis, le 21 Septembre 2015.

 

Nous, représentants des familles victimes du désastre socio-environnemental de La Région Serrana de Rio de Janeiro, professeurs universitaires, religieux, activistes des droits humains, représentants de la société civile, réunis à Teresópolis à notre deuxième Séminaire Régional pour débattre sur le “Droit au logement”: mobilisation et organisation populaire dans la Serra  Fluminense, avec l'objectif de soutenir et d'articuler le mouvement Serrano Fluminense des victimes des désastres socio-environnementaux;  débattre sur la lutte pour un logement digne; la réalisation de travaux qui garantissent la sécurité des logements et des personnes, sans la nécessité du retrait de leurs communautés; la construction populaire de cadres juridiques de protection communautaire, la violence vécue à cause de l´actuelle politique d´État de retrait des classes populaires, affirmons:

Durant les pluies de 2011 plusieurs localités de la région ont été grièvement affectées, des milliers de personnes sont mortes, (bien que les données officielles ne le montrent pas, c´est ce que les gens pensent) des familles entières sont restées sans-logement et ont disparu. D´autres ont eu beaucoup de leurs effets personnels emportés, ainsi que leurs maisons et leurs vies ont été totalement transformées par les glissements de terrain et les inondations.

Nous, les représentants et représentantes, au travers de cette lettre, sommes quelques-uns à avoir perdu des parents, des amis, des voisins, des meubles, des photographies, des objets, une grande partie de notre vie matérielle, mais nous n'avons pas perdu notre mémoire et notre espoir. Les pertes sociales et personnelles provoquées par cette tragédie ont produit des dégâts irréparables dans nos vies, dans notre histoire, dans nos familles et notre quotidien. Nous avons subi des impacts psychologiques, physiques et moraux qui ne seront jamais oubliés. Et aussi beaucoup d'entre nous qui sont présents, bien que n´ayant pas été touchés par la tragédie, sont solidaires aux défis des victimes des désastres socio-environnementaux de 2011.

À cela s´ajoute que nous avons traversé une tragédie politico-sociale après la tragédie des pluies. La région Serrana a été et est touchée par un dispositif terrifiant de corruption, de détournements de fonds pour la reconstruction des zones qui ont subi les impacts des pluies. Des centaines de millions de reais ont été envoyées à la région Serrana mais ont été détournées sur des chantiers surfacturés, comme un parc fluvial qui se construit dans les zones dévastées par la pluie, tandis qu'aucun logement n´a été livré jusqu´à présent à Teresópolis aux milliers de familles, encore aujourd’hui  sans abris et dépendantes de l´aide sociale au logement, souvent annulée et avec une réinscription difficile.

Les milliers de familles atteintes, n´ont pratiquement pas eu d´assistance psychologique jusqu´à maintenant, car le fond prévu a été dévié. Il y a aussi, dans la perception de la population affectée par les pluies de 2011, le sentiment que les victimes qui sont mortes ont été plus nombreuses que celles annoncées par l´État qui doit chercher les moyens pour refaire le comptage des victimes, pour que nous ayons les informations sur les réels impacts des pluies dans la vie des habitants de la région Serrana.

La population de la région Serrana n´est donc pas seulement exploitée, mais elle est aussi exclue, considérée comme jetable et semble être uniquement des numéros pour l'État. Ceci peut être considéré comme un grave péché aux yeux de Dieu et un très grave crime, d'utiliser les pauvres et leur nier le droit à une vie digne. La région Serrana, avec les impacts des pluies et l´envoi de fonds conséquents pour y remédier, est devenue un « business » pour beaucoup de politiciens et de détenteurs de pouvoir économique.

La politique pensée par l´État pour nous ne tient pas et n´a pas tenu compte jusqu´à aujourd'hui, des urgences de nos familles et de toutes les autres qui ont été affectées directement et indirectement. Nous sommes fatigué d´être traités par le pouvoir public comme des personnes qui n´ont aucun droit.

Beaucoup de quartiers restent abandonnés, beaucoup de familles ont dû déménager pour d´autres endroits à risques, n´ayant reçu aucune aide de l´État pour se reloger, et celles qui ont reçu un logement manquent souvent de services basiques dans leur entourage, comme à Nova Friburgo et il semble que c'est ce qui arrivera à Teresópolis.

Nous dénonçons l´inertie de l´État à livrer des unités d´habitation, quelques-unes sont construites, mais elles dépendent pour être livrer de la construction d´un viaduc en raison de la haute dangerosité de la route d'à côté mais il n'y a pas de prévision de construction.

Nous dénonçons également, qu'actuellement à Teresópolis, pour se réinscrire aux aides sociales au logement, dont dépendent aujourd'hui 2400 familles touchées par les pluies de 2011, seuls peuvent ceux qui ont l'accord de l'appartement, c'est à dire au maximum 1.600 familles (c'est le nombre d'appartements prévus pour être livrés), tandis que 800 familles, qui n'entrent pas  dans ce programme, auront, selon  l’État, pendant le mois de réinscription, leur aide sociale au logement suspendue. Nous dénonçons que l’État ait suspendu, arbitrairement, en 2013 d'autres formes d'assistance aux familles touchées en 2011, l'achat assisté et l'indemnisation, possibilités qui seraient le chemin à suivre pour de nombreuses familles qui se voient dans l'impossibilité de recevoir l'appartement, par exemple, les résidents de la campagne. C´est pour ça que nous sommes ensemble dans la lutte!

Avec la mobilisation populaire et la pression sociale, nous exigerons de plus en plus des gouvernements, des juges et d'autres autorités publiques une solution juste et urgente à nos problèmes et la réalisation de logements décents pour tout le monde. Nous exigeons aux plus hauts niveaux du pouvoir public et des autorités, que soient créés, de manière participative, les droits spécifiques pour les victimes des catastrophes socio-environnementales de tout le pays, ainsi que pour les résidents des zones à risques, et que ces droits soient respectés et garantissent la dignité de la vie humaine de ceux qui souffrent ou souffriront des conséquences dues aux négligences des gouvernants dans notre pays. Nous exigeons que nos martyrs de 2011 et tous ceux et celles qui sont morts par la suite soient reconnus par l’État et qu'on se souvienne d'eux. Nous exigeons la participation à la construction d'une politique publique provenant d'un projet populaire de protection pour tout le monde. Nous exigeons un logement décent et le droit à la ville. Nous exigeons la justice pour les victimes des catastrophes socio-environnementales dans la région et le pays tout entier! Nous, victimes des catastrophes socio-environnementales dans la région Serrana de Rio de Janeiro, sommes contre la manière dont l’État pratique le retrait des personnes, nous luttons et continuons à construire un projet populaire de société qui soit juste pour tout le monde.

 

 

Cette lettre est signée par:

 

Association des résidents du quartier Córrego d´Antas - Nova Friburgo

Association des résidents de Loteamento Três Irmãos - Nova Friburgo

Association des résidents du quartier São Geraldo - Nova Friburgo

Association des résidents du quartier  Jardinlândia/Tauru - Nova Friburgo

Association des résidents du quartier  Terra Nova - Nova Friburgo

Projet Présence Samaritain - Église catholique

AVIT - Association des victimes de la tragédie de Teresópolis

INCID / IBASE - Indicateurs citoyenneté de l'Institut brésilien d'analyses sociales et économiques

CDDH - Centre pour la Défense des Droits Humains de Petrópolis

Das pastorales de las Favelas - Archidiocèse de Rio de Janeiro

La Conférence des Religieux du Brésil dans l'État de Rio de Janeiro - CRB

Mouvement des résidents de la rue

Les résidents du district Caleme – Teresópolis

Association des ramasseurs de déchets

UFF - Université Fedéral Fluminense

Fiocruz - Fondation Oswaldo Cruz

Le changement climatique et le Forum Social Justice

Mouvement des victimes des catastrophes socio-environnementales - Monades

Ainsi que les résidents de diverses communautés touchées comme: Feo, Espagnol, Campo Grande, Granja Florestal, Vargem Grande, entres autres Teresópolis.